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grand angle

Roumanie : cachez ces Roms...

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Le maire de Baia Mare a fait construire un mur pour isoler une population «indésirable». Avec le soutien de ses concitoyens.
Alexandre, 19 ans, et Alina Vanessa, 15 ans ont fui l'usine de Cuprom par peur des émanations toxiques. (photo Quentin Girard.)
par Quentin Girard et Aurélie Darbouret
publié le 20 novembre 2012 à 19h07

L’immense cheminée blanche et rouge chatouille les nuages. En arrivant à Baia Mare, ville du nord-ouest de la Roumanie, on ne voit qu’elle. Cachée dans les collines, au pied des montagnes du Maramures, la cité fut pendant deux cents ans un centre minier important. L’or, l’argent, le cuivre ou le zinc ont fait sa richesse. Mais avec la fin du communisme et la catastrophe de l’an 2000, lors de laquelle une quantité importante de cyanure a été déversée accidentellement dans les rivières Somes et Tisza, les mines ont fermé une à une.

Baia Mare, 140 000 habitants, tente aujourd'hui de se relever. Un défi qui, pour les autorités locales, passe par une politique radicale vis-à-vis des Roms. Le maire, Catalin Chereches, 34 ans, est une figure en Roumanie. Il y a un an, il a ordonné la construction d'un mur de deux mètres de haut devant deux bâtiments HLM occupés par plusieurs centaines de familles roms, dans le quartier résidentiel d'Horea. Il s'agit selon lui de protéger les enfants de la route qui longe les habitations. Mais ce discours est loin de convaincre les ONG et une partie des habitants, qui dénoncent le «mur de la honte» et la création d'un ghetto, un monde caché de la vue des petites maisons proprettes.

Une seule pièce de 20m2

L'un des deux bâtiments a été rénové en 2009, mais son crépi blanc n'est déjà plus qu'un lointain souvenir. L'autre n'a plus de vitre aux fenêtres, et la façade est zébrée de traînées noires provenant des fumées de cuisine. Le sol boueux de la cour est couvert d'im