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Interview

«Le Pakistan, objet de la rivalité Téhéran-Riyad»

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Talibans . Mariam Abou Zahab, chercheuse, revient sur les attentats, comme ceux de mercredi, visant les chiites.
publié le 22 novembre 2012 à 21h46

Les talibans pakistanais ont revendiqué hier la majorité des attentats ayant fait au moins 36 morts visant à Karachi et Rawalpindi la minorité chiite. Spécialiste du Pakistan, Mariam Abou Zahab, enseignante à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco), analyse les tensions entre sunnites et chiites au Pakistan.

Comment expliquer ces violences ?

Les tensions entre les deux communautés ont été instrumentalisées au Pakistan après la révolution iranienne en 1979. L'Iran chiite a voulu exporter sa révolution et cela a été vu comme un danger. Au même moment, le général Zia-ul-Haq [1977-1988, ndlr] menait au Pakistan une révolution islamique, mais sunnite celle-là, avec le soutien de l'Arabie Saoudite. Le Pakistan est devenu le terrain de cette rivalité, d'autant que la communauté chiite au Pakistan est importante. La compétition entre Arabie Saoudite [sunnite] et Iran a récemment resurgi au Pakistan, notamment au niveau de l'éducation et du financement de madrasas pour créer des élites très inféodées à l'Arabie Saoudite ou à l'Iran. Avec le risque de diviser et radicaliser encore plus la société pakistanaise.

En quoi l’augmentation de ces attaques antichiites est inquiétante ?

A cause de leur ampleur et des nouveaux modes opératoires. Dans les années 90, ce phénomène était limité à la province du Pendjab et à la ville de Karachi, les assassinats ciblés dans le reste du pays étaient rares. Les gros attentats contre les pèlerins ne sont aussi apparus que ces dernières années. Les raisons de ces violences sont religieuses, mais aussi économiqu