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Analyse

Les ONG russes dans le collimateur de Poutine

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Les associations du pays doivent désormais se déclarer «agent de l’étranger» si elles perçoivent des fonds extérieurs. Une loi qui révèle le durcissement du régime.
«Baillonner les ONG est le fait d'autorités paranoïaques», devant la Douma à Moscou en juillet. (Photo Maxim Shemetov. Reuters)
publié le 22 novembre 2012 à 21h06

Depuis mercredi, les organisations non gouvernementales (ONG) russes qui reçoivent des financements de l'étranger sont tenues de se déclarer «agent de l'étranger», si elles participent à des «actions politiques» destinées à infléchir «l'opinion publique dans le but de modifier la politique gouvernementale», dans l'intérêt d'Etats ou d'institutions ou de particuliers étrangers.

Les ONG qui se reconnaissent dans cette définition doivent s'inscrire volontairement sur un registre géré par le ministère de la Justice et estampiller toutes leurs publications d'une mention «agents de l'étranger». Ces associations seront également soumises à des contrôles officiels accrus de leurs ressources et de leur comptabilité, qu'elles devront rendre publiques trimestriellement.

Mardi, dès l'entrée en vigueur de la loi, les ONG concernées ont annoncé en chœur un boycott de celle-ci, jugée infamante et discriminante. «Cette loi n'a pas été rédigée par des juristes, toutes les définitions sont floues, explique l'avocate Daria Miloslavskaya, directrice de la filiale russe de l'ICNL, le centre international juridique pour les ONG. Ce qui veut dire que n'importe quelle organisation pourra être accusée de n'importe quoi, si elle se retrouve dans le collimateur du pouvoir.» A l'instar de nombreux représentants de la société civile, elle ne doute pas que cette loi sera aussi utilisée pour gêner les associations qui dérangent.

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