Les commissariats, tous pulvérisés. Nombre de mosquées ont eu leurs dômes fracassés, leurs minarets réduits à des moignons. Les administrations se sont effondrées sous les bombes. Les stations-service ont été brûlées et beaucoup d’usines détruites. Même les casernes de pompiers ont été foudroyées, ainsi que les centres de protection civile. S’il existait un embryon d’Etat palestinien, il n’en reste plus rien aujourd’hui. L’armée israélienne a cherché à détruire tout ce qui pouvait lui en donner l’apparence. Le Parlement n’existe plus. La rue de la Ligue arabe, où nombre de ministères avaient été édifiés, n’est plus qu’un inventaire de ruines. Même le ministère de la Santé a été anéanti, comme celui de la Culture qui exhibe ses colonnes doriques abattues sur des pyramides de décombres, comme une croix grotesque tracée sur le désastre.
«Bienvenue à Gaza», dit pourtant à tous les visiteurs le fonctionnaire barbu du Hamas à la frontière. Pour chaque personne entrant dans l'enclave, il faut compter six heures de bureaucratie inepte du côté égyptien, mais seulement quelques minutes du côté palestinien. Après, de Rafah à la ville de Gaza, se devine l'itinéraire de l'armée israélienne à travers les destructions que l'on rencontre. «Quand vous voyez des maisons détruites, c'est que les soldats israéliens sont passés par là. Ils cassaient pour avancer, pour nettoyer le terrain», dit Omar Amis, 43 ans, le chauffeur de taxi. Ce père de onze enfants a repris son travail