Pour la première fois depuis la fin du franquisme, un président de l'exécutif de Catalogne a mis officiellement le cap sur un référendum d'autodétermination. Le nationaliste Artur Mas, qui dirige le gouvernement autonome depuis décembre 2010, a convoqué des législatives anticipées. Son objectif est d'obtenir «une majorité suffisante» pour que la Catalogne dispose d'un Etat indépendant.
Quelles sont les raisons de cette montée du sentiment indépendantiste ?
Depuis une trentaine d'années, sous la houlette de Jordi Pujol, les nationalistes catalans s'étaient distingués par leur ambiguïté. Seule une formation montante, Esquerra Republicana (ERC) se définissait clairement en faveur de l'indépendance. Selon les sondages, outre Convergència i Unió (CiU, centre droit) d'Artur Mas, deux ou trois partis pourraient totaliser deux tiers des sièges au Parlement autonome. Cela reflète la montée du sentiment indépendantiste, qui rencontre aujourd'hui l'approbation de la moitié des 7,5 millions de Catalans. Il y eut le rejet, en juillet 2010 par le tribunal constitutionnel de Madrid, de l'Estatut (nouveau statut d'autonomie) adopté par les Catalans, auquel s'ajoute l'idée très répandue que la Catalogne est délaissée par l'Etat : des infrastructures déficientes, des autoroutes payantes (majoritairement gratuites ailleurs) et, surtout, une supposée «spoliation fiscale». Selon le pouvoir régional, 8% du PIB (16 milliards d'euros) «partirait vers l'Espagne»<