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Libération
TRIBUNE

A rebours de l’histoire des Etats-Unis

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par Stéphane Sautereau, Membre de l’Institut du droit public et de la science politique
publié le 27 novembre 2012 à 19h06

L'élection de Barack Obama fut célébrée de façon quasi unanime dans notre pays. Seulement, l'enthousiasme de 2008 a laissé place à un sentiment plus diffus, mêlant la sympathie pour l'homme de progrès à l'inquiétude suscitée par le programme du Parti républicain ; inquiétude d'autant plus grande que nous peinons à en comprendre les origines historiques et le sens politique. Depuis Ronald Reagan, l'investiture du Parti républicain procède de l'adhésion à un certain nombre de valeurs dominantes en son sein, à défaut d'être majoritaires en Amérique : le conservatisme social et le puritanisme moral, empruntés au conservatisme de la droite traditionnelle, conjugués à un néolibéralisme économique, dont le programme peut se réduire à des principes simples, consistant à baisser les impôts et réduire drastiquement le rôle de l'Etat fédéral. Ce projet de société se plaît, pour se légitimer, à invoquer sa filiation avec les Pères fondateurs de l'Amérique. Seulement, il ne repose que sur une lecture partielle de leur héritage, en valorisant le culte des libertés individuelles au détriment du souci de construire une communauté nationale, cimentée par les vertus civiques et le sens du bien commun.

Cette rupture du Parti républicain avec une partie de son histoire est le produit d'une lente dérive qui l'a conduit à devenir, selon la formule de l'historien Geoffrey Kabaservice, «une organisation conservatrice monolithique». Entamée dans les années 50 par la campagne anticom