Menu
Libération
grand angle

Natascha Kampusch, la jeune fille et les vieux démons

Article réservé aux abonnés
L’affaire de cette enfant séquestrée huit ans durant n’en finit pas de tourmenter l’Autriche à mesure que les zones d’ombre, gagnant jusqu’au système politique, apparaissent dans les enquêtes.
Paris, le 4 novembre 2010. Portrait de Natascha Kampusch, jeune Autrichienne qui a réchappé en 2006 à une séquestration de huit ans. COMMANDE N° 2010-1346 ACCORDWEB (Richard DUMAS)
publié le 27 novembre 2012 à 19h36

Natascha Kampusch, ici à Paris en novembre 2010, a aujourd’hui 24 ans. (Photo Richard Dumas)

«Elle est bien ressortie maintenant, que veut-elle de plus ?» cingle Elfriede Jelinek dans sa pièce Winterreise (1), dont le texte acéré résonne actuellement sur la prestigieuse scène du Burgtheater de Vienne. «Veut-elle se placer au-dessus de nous ? Veut-elle rester éternellement un souvenir pour nous ? De quoi ? Pourquoi ? Qu'est-ce qu'elle veut ?» En quelques répliques, l'impitoyable analyste de l'âme viennoise, prix Nobel de littérature en 2004, épingle les sentiments complexes de ses compatriotes à l'égard de l'objet médiatique Natascha Kampusch, oscillant entre l'empathie totale et l'antipathie féroce.

Car «elle», c’est bien sûr «la gamine» restée seule pendant huit ans et demi avec quelques joujoux dans la cave d’un déséquilibré et qui, ne comptant que sur son courage, s’en est échappée. «Elle», qui a dénoncé avec fureur dans une autobiographie retentissante cette société nulle de A à Z, incapable de la sauver. «Elle», dont les attaques sont aujourd’hui entendues bien au-delà de ses espérances. Fin octobre, l’affaire Kampusch, devenue affaire d’Etat, objet de deux enquêtes successives, a pris une dimension inédite : dans le cadre d’une nouvelle expertise demandée par le gouvernement, des agents du FBI ont fait le voyage jusqu’en Autriche pour tenter de savoir s’il n’y a pas quelque chose de pourri dans les arcanes du pouvoir à Vienne…

La «maison du malheur» en héritage

A l'été 2006, 2,5