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Libération

«La chevrotine, c’est pour nous terroriser»

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Tunisie . A Siliana, la population a de nouveau défilé contre son gouverneur, hier, bravant les représailles.
publié le 29 novembre 2012 à 22h26

Pour la troisième journée consécutive, Siliana a observé, hier, une grève générale, à l’appel de la puissante Union générale tunisienne du travail (UGTT). Les administrations de cette région de l’intérieur du pays étaient fermées, comme une grande partie des commerces. Une foule dense et hétéroclite a de nouveau réclamé le départ du gouverneur de la région. Mais pour éviter une nouvelle journée de violences, la police avait déserté le centre-ville. Comme lors de la révolution de janvier 2011, les militaires ont pris le relais, avec la bienveillance des habitants, pour protéger le gouvernorat. Des affrontements ont cependant eu lieu dans l’après-midi, entre jeunes et policiers près de la caserne régionale, mais sans commune mesure avec ceux des deux jours précédents.

A l'abandon. Jonchées de pierres, coupées de barricades, les rues témoignaient encore, hier, de ces heurts. Les témoignages font état de l'extrême violence des policiers, dépêchés en renfort. Plus de 200 personnes ont été blessées mercredi, la majorité par des tirs de chevrotine des forces de l'ordre. «Ces balles, ce sont pour les sangliers, pas pour les humains !» s'étrangle Hassen. «La plupart des blessures sont localisées sur le tronc, au cou et au visage : les policiers visaient la tête», décrit un infirmier de l'hôpital régional. Touchées aux yeux, 17 personnes ont été transférées à Tunis. «La chevrotine, c'est la nouvelle tactique de la police pour terroriser les gens.