Moins de deux semaines après avoir lavé les principaux chefs de guerre croates de toute accusation de nettoyage ethnique contre la population serbe, le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) acquitte à son tour un des principaux chefs de la guérilla kosovare, l’ex-Premier ministre Ramush Haradinaj, jugé pour avoir participé en 1998 à des crimes contre des Serbes.
Belgrade a-t-il raison de dénoncer une justice de vainqueur ?
L’opération «Tempête», qui avait permis à Zagreb de récupérer les régions peuplées de Serbes qui s’étaient autonomisées, avait été conduite, en 1995, avec le soutien de Washington. La guerre, qui a expulsé les troupes du dictateur serbe Slobodan Milosevic et donné le pouvoir aux Albanais de cette ex-province serbe, a été menée par l’Otan en 1999. La Serbie dénonce un déni de justice, et elle le fait pour la première fois à l’unisson : nationalistes au pouvoir comme démocrates pro-européens dans l’opposition, ainsi que les plus prestigieuses ONG, celles, comme le Fonds pour le droit humanitaire, qui ont été les premières à dénoncer les crimes des Serbes et ne comprennent pas aujourd’hui l’impuissance du monde à les juger.
Pourquoi Haradinaj a-t-il été libéré ?
Le Tribunal international de La Haye a de fait conclu à une absence de preuves contre Haradinaj et ses co-accusés, jugés pour huit meurtres et sept cas de tortures. Les témoins ont été confus et ont soit refusé de témoigner, soit se sont contredits. C’