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Analyse

Une Constitution au forceps en Egypte

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Le Président Morsi impose un vote précipité sur un texte très critiqué parce qu’il renforce l’islamisation du pays et lui confère de trop grands pouvoirs.
Des manifestants anti-Morsi au Caire, le 27 novembre. (Photo Ahmed Jadallah. Reuters)
publié le 29 novembre 2012 à 21h46

C’est un nouveau coup de poker du président Mohammed Morsi. Alors que l’Egypte reste plus divisée que jamais autour de la déclaration constitutionnelle, qui lui accorde provisoirement les pleins pouvoirs, il a décidé de jouer son va-tout. Prenant tout le monde de court, il a annoncé, mercredi, que l’Assemblée constituante voterait son texte final le lendemain. Il y a tout juste une semaine, le chef de l’Etat avait accordé deux mois supplémentaires à cette Assemblée pour finir ses travaux.

Voilà bientôt deux ans que l'Egypte s'appuie sur un texte provisoire, plusieurs fois amendé ce qui fragilise la stabilité institutionnelle et conduit à des imbroglios juridiques. Cette nouvelle initiative n'a fait qu'accroître la fracture dans le pays. Pour ses opposants, le Président persévère dans son «délire autocratique», continuant de «trahir sa parole» et de «piétiner le droit».

Du côté de ses partisans, on assure que c'est un moyen d'en finir au plus vite avec la crise institutionnelle et politique, en accélérant le processus de transition. Un référendum devrait être organisé dans les quinze jours. Un laps de temps très court qui oblige les Frères à renoncer à leur projet d'expliquer le texte, article par article, aux Egyptiens. Pour le Président, c'est aussi une façon de retrouver une légitimité populaire et démocratique alors que la contestation fait rage dans tout le pays. Mohammed Morsi semble convaincu que les Egyptiens voteront favorablement, comme il l