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Libération
Reportage

En Ukraine, le sida favorisé par un aveuglement d’Etat

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Une négation de l’épidémie, une politique virulente à l’égard des homosexuels et des toxicomanes et une corruption généralisée ont fait exploser la maladie dans ce pays où les patients sont moins bien pris en charge qu’en Afrique.
publié le 30 novembre 2012 à 20h06
(mis à jour le 2 décembre 2012 à 10h20)

Ce sont 30 000 morts qui auraient pu être évités, alors que se tient ce samedi la Journée mondiale de lutte contre le sida. A trois heures de Paris, Kiev, capitale de l'Ukraine, sur le continent européen. Et c'est là, pourtant, qu'explose une épidémie unique de sida, avec des taux de progression pire qu'en Afrique et à peine un patient sur trois sous traitement, alors que, toujours en Afrique, ils sont près de 55% à bénéficier d'une trithérapie. Avec, surtout, une riposte indigente des pouvoirs publics qui se montrent absents et se défaussent sur les ONG. «C'est le seul pays au monde où les autorités n'investissent rien dans la prévention, fait remarquer Andriy Klepikov, le président d'Alliance, la plus importante association de lutte contre le sida en Ukraine, créée il y a à peine dix ans. Ils ont tout abandonné à la société civile.» «Abandonné ? Je dirais plutôt que c'est la société civile qui s'est battu pied à pied et a réussi à prendre le pouvoir, répond le professeur Michel Kazatchkine, aujourd'hui envoyé spécial de l'ONU pour l'Europe orientale. Elle a réussi à s'imposer par son plaidoyer. Cette société civile a mis en œuvre des programmes inédits et efficaces.» Et d'ajouter, non sans solennité : «Lorsque vous voyez les responsables de ces ONG, ce sont des héros.»

«Corruption». Etonnant jeu de dupes. D'un côté, des pouvoirs publics indifférents et corrompus. De l'autre, des ONG qui se glissent avec talent entre les m