Menu
Libération
Récit

Morsi joue au grand Frère des pauvres

Article réservé aux abonnés
Le président islamiste égyptien mise sur ses origines populaires et la lassitude pour son référendum constitutionnel.
Des partisans du président Morsi attendent devant la Haute cour constitutionnelle, le 2 décembre 2012 au Caire (Photo Mahmoud Khaled. AFP)
publié le 2 décembre 2012 à 20h56

Les Egyptiens ont deux semaines pour se décider. Deux semaines pour se déchirer encore un peu plus. Mohamed Morsi a fixé au 15 décembre la date du référendum sur la Constitution, dont la version finale a été adoptée à la hâte, jeudi. Le dernier verrou juridique a été forcé hier matin. Alors que la Haute Cour devait se prononcer sur le bien-fondé juridique de l’Assemblée constituante qui a voté ce texte, les juges ont été empêchés d’entrer dans le tribunal par des militants islamistes. Contraints de repousser leur séance, ils ont, en réaction, décidé d’entamer une grève illimitée. Cela vient parachever la guerre entre l’exécutif et le judiciaire alors que de nombreux juges du pays ont déjà suspendu leurs activités. En s’octroyant provisoirement les pleins pouvoirs, le 21 novembre, Mohamed Morsi a sciemment fait le choix de passer outre un appareil judiciaire qu’il accuse d’être inféodé à l’ancien régime.

Minibus. Le Président joue la carte du pays réel contre le pays légal, des vrais gens contre les institutions, des familles pieuses et laborieuses contre les jeunes intellos de Tahrir. Ce samedi, le chef de l'Etat a réussi sa démonstration de force. Des centaines de milliers de personnes se sont réunies devant l'université du Caire et dans plusieurs villes du pays pour le soutenir. Certes, ces rassemblements n'avaient pas l'enthousiasme de Tahrir, mais ils ont montré à ceux qui en doutaient que le Président n'était pas isolé. Malgré l'armée de minibus affrétés