Parole contre parole. La confrontation entre le colonel Eric Burgaud et son ancien commandant, le général Henri Poncet, était attendue comme le moment clé du procès de l’affaire Firmin Mahé. Depuis une semaine, quatre anciens militaires français - dont le colonel Burgaud - comparaissent devant la Cour d’assises de Paris, où ils doivent répondre du meurtre de cet Ivoirien, étouffé avec un sac plastique dans un véhicule blindé français le 13 mai 2005 sur la route de Man (ouest de la Côte d’Ivoire).
Ordre illégal
La semaine dernière, le colonel Burgaud - qui commandait à l'époque les forces d'interposition françaises déployées dans cette zone - avait reconnu avoir donné l'ordre à l'adjudant Raugel de liquider Firmin Mahé, considéré comme l'auteur de plusieurs meurtres et viols dans la «zone de confiance» séparant le Nord aux mains des rebelles du Sud contrôlé par les troupes loyalistes. Mais le haut gradé avait aussitôt précisé avoir répercuté un «ordre illégal» transmis - selon lui - par son supérieur hiérarchique, le général Poncet.
Ce mardi, l'ancien patron de la force Licorne (2004-2005) en Côte d'Ivoire a campé sur sa position : il a maintenu n'avoir jamais donné un tel ordre, imputant la décision de supprimer Mahé à un «décrochage moral» du colonel Burgaud. Henri Poncet a détaillé les facteurs sous-tendant ce type de «décrochage»: «excès d'estime de soi et d'empathie pour les populations, la rencontre avec la mort» sur le terrain... «Quand on n'est