«Ce n'est pas avec des bourgeois qu'on fait une révolution !» Mardi, devant le palais présidentiel, alors que la plupart des révolutionnaires s'enthousiasmaient pour la mobilisation aussi massive qu'inattendue, Amor grimaçait. Ce jeune Egyptien ne se reconnaissait pas dans cette assemblée, où beaucoup de très chics habitants de Héliopolis avaient rejoint la foule des anti-Morsi. Lui était convaincu que le nombre ne suffisait pas à faire la force - «Au premier tir de gaz lacrymo, ils partiront» - et constatait, dépité, que les travailleurs n'étaient pas de la partie.
Pas soutenable. Depuis le début du soulèvement contre Mohamed Morsi, l'opposition ne cesse d'agiter la menace d'une grève générale, qui tarde à se concrétiser. Un certain nombre de juges ou de journalistes ont déjà cessé leur activité, mais cela représente bien peu de monde. Plusieurs chercheurs s'accordent pour dire que c'est l'imminence d'une grève qui a précipité la chute de Hosni Moubarak, au moins autant si ce n'est plus que la colère de la place Tahrir.
Des signes laissent penser que la situation est en train de changer. Mahalla, où se trouvent de nombreuses usines de textile, est une ville symbole de la révolution égyptienne. C'est là qu'en 2008 d'importantes grèves ont eu lieu. Le mouvement du 6 avril, une des principales forces du mouvement révolutionnaire qui a abattu le régime de Moubarak, tire son nom du jour où ont commencé ces grèves de masse. Dans cette cité industr