Sans connaître l'identité de cette image, on pense automatiquement au Désert des tartares de Dino Buzzati ou, nettement plus haut de gamme, à En attendant les barbares de J.-M. Coetzee. Car il s'agit métaphoriquement d'une forteresse absolue au bord d'un désert immémorial. Sur les remparts, des guerriers guetteraient une hypothétique invasion, à tout le moins une menace, une crainte que l'Autre, fatalement barbare, déferle.
Or, quand on sait de qui, de quoi et d’où cette image retourne, la divagation littéraire s’avère opérante, car réaliste : cette photographie représente la colonie israélienne de Maale Adoumim, en Cisjordanie, au nord-est de Jérusalem. Prise du côté de l’Autre justement. C’est-à-dire du côté du territoire palestinien, où ces implantations sont comme autant de provocations et, partant, un motif de carnage. D’autant que le gouvernement israélien a annoncé sa décision d’étendre ses colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, en réaction à l’obtention par la Palestine du statut d’Etat observateur à l’ONU. Autant dire que le conflit au Proche-Orient, de permanent pourrait devenir éternel.
Ce qu’on sait n’est pas dit dans l’image que l’on regarde. Ce qu’on voit d’évidence, mis en vedette par le cadrage, ce sont les arbres, probablement des oli