Monsieur le Président, le martyre du peuple syrien afflige l’humanité. Chaque jour, les morts s’ajoutent aux morts, les blessés aux blessés, les destructions aux destructions. Aujourd’hui, la Syrie, ce pays magnifique dont l’histoire est une leçon de grandeur pour l’humanité, est en passe de disparaître.
L’humanité est effarée. Elle veut aider mais elle ne sait comment, elle appelle au secours pour le peuple syrien mais personne ne vient. Les grands Etats sont pris dans leurs calculs, l’ONU compte les résolutions bloquées. Aux lamentations des uns, elle ajoute les siennes, à leurs hésitations elle répond par les siennes.
Pendant ce temps, dans votre pays, le nombre de victimes s’accroît à la moyenne effarante de 150 morts par jour. Demain, comme toujours, nous saurons que nous étions loin du compte, des blessés vont mourir faute de soins et des personnes arrêtées vont disparaître. Nous les retrouverons demain dans des charniers secrets. Il y a aussi les réfugiés dans les pays voisins, leur nombre s’accroît d’heure en heure et nous savons que beaucoup ne reviendront pas chez eux avant longtemps. Ce qui s’est passé en Algérie, en Irak, en Libye, au Yémen, au Bahreïn se reproduit en Syrie avec une intensité plus grande, avec une férocité plus terrible.
Tout cela, vous le savez, Monsieur le Président, vous recevez des masses de rapports quotidiens sur votre bureau. Peut-être leur lecture vous donne-t-elle froid dans le dos, peut-être vous fait-elle juste sourire. Mais ne vous illus