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Libération
TRIBUNE

L’An III des révolutions arabes

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publié le 11 décembre 2012 à 19h06

Lassitude, ironie, déception… Quand ce n’est pas le regret des dictatures, le «printemps arabe» n’inspire généralement plus qu’une amère inquiétude mais c’est à tort qu’on y cède. Deux ans, lundi prochain, après qu’un marchand de légumes tunisien eut déclenché une insurrection régionale en s’immolant par le feu, la seule certitude est qu’on n’en est encore qu’au tout début de longs processus, de révolutions dont les promesses sont loin d’être déjà démenties par un «hiver islamiste». Les islamistes, oui, gouvernent aujourd’hui l’Egypte et la Tunisie mais, si peu exaltante qu’elle soit, cette réalité ne devrait pas en faire oublier une autre, non moins importante. Outre que les barbus sont parvenus au pouvoir au terme d’élections régulières, les laïcs tunisiens auraient gagné les législatives s’ils y étaient allés unis et, lors de la présidentielle de juin, les électeurs égyptiens n’ont donné que deux points d’avance à Mohamed Morsi, le candidat des Frères musulmans. Non seulement les islamistes ne sont pas la seule incarnation des aspirations arabes mais leur popularité est tellement déclinante qu’ils ne savent plus à quel saint se vouer à Tunis, qu’ils ont perdu plus de 20% de leurs voix entre les législatives et la présidentielle égyptiennes - en six mois seulement - et que c’est pour cela que Mohamed Morsi a fracturé son pays en voulant à tout prix précipiter l’adoption d’une Constitution à sa main.

La force des islamistes est d’avoir peuplé les geôles des dictatures déchue