L’éviction surprise du Premier ministre cheikh Modibo Diarra par les militaires, dans la nuit de lundi à mardi, risque de freiner un peu plus le règlement de la crise dans l’ex-colonie française.
Pourquoi cette démission forcée ?
Devenu Premier ministre «aux pleins pouvoirs» en avril, cheikh Modibo Diarra aura tenu presque huit mois dans le «marigot aux caïmans» («Bamako» en langue bambara). Le temps que sa réputation de «navigateur interplanétaire» de la Nasa et de brillant technocrate planant au-dessus de la politique politicienne malienne ne s'effondre. Après l'avoir adoubé, le chef des putschistes du 21 mars, Amadou Aya Sanogo, l'a renié. Diarra a été contraint à prononcer sa démission à la télévision, hier à l'aube, sans explication, avant d'être assigné à résidence. Son limogeage manu militari n'émeut guère à Bamako, où les médias et principaux partis politiques déploraient son absence de «sens de l'Etat». Il était notamment soupçonné de vouloir s'accrocher au pouvoir en verrouillant à son avantage le processus de concertation nationale censé déboucher sur des élections. Il a fini par exaspérer aussi les militaires pressés par la population de libérer le Nord, avec ou sans intervention étrangère. Le limogeage de cheikh Modibo Diarra permet à Sanogo et consorts de lui faire porter le chapeau de l'inertie ambiante.
Où en est le processus politique?
L’éviction du Premier ministre illustre l’influence toujours prépondérante du capitaine Sanogo. Qui du président Dioncounda Traoré ou du galonné tient réellement les rênes dans