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Libération
TRIBUNE

La citoyenneté européenne devra être sociale

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La construction européenne autour de la seule dimension écono­mique et monétaire révèle crûment son absence de réalité en temps de crise.
par Par Jean-Marc Roirant, secrétaire général de la Ligue de l’enseignement (France), Raffaella Bolini, membre de la direction nationale de l’Arci, association de promotion sociale (Italie), Cristian Pirvulescu, Président de Pro Democracia (Roumanie) et Jan Robert Suesser, membre du comité central de la Ligue des droits de l’homme (France) (1)
publié le 14 décembre 2012 à 7h14

La crise que traverse la construction de l’Union européenne amène à s’interroger sur la notion de citoyenneté. L’histoire de l’Europe depuis deux siècles nous enseigne que nous construisons et exerçons chacun notre citoyenneté comme un tout avec ses trois dimensions : ­démocratique (avec la façon dont on est écouté et entendu), économique (l’emploi surtout) et sociale (avec les poli­tiques publiques permettant l’accès ­effectif aux droits fondamentaux).

Ce sont les problèmes rencontrés et l’expérience des solutions apportées qui consentent à juger de la légitimité des institutions, locales et nationales, européennes et globales. Là où le vote n’est pas obligatoire, l’évolution des taux de participation d’une élection à l’autre donne une indication de cette légi­timité. La construction européenne autour de la seule dimension écono­mique et monétaire révèle crûment son absence de réalité en temps de crise. Dans ce contexte, l’art de gouverner consiste à mettre en place des politiques publiques, sociale et démocratique qui permettent aux résidents un avenir partagé dans l’espace économique ­unifié. La légitimité des institutions et l’intériorisation par chacun d’être ­citoyen dans cet espace impliquent que les trois dimensions de la citoyenneté y aient toute leur place.

Les dimensions sociale et démocratique ne sont pas régies dans le même espace que la dimension économique. ­Les politiques publiques sont presque ­to­ta­lement renvoyées à l’espace ­national, sans pouvoir s’appuye