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Libération

Mariage forcé

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publié le 14 décembre 2012 à 19h06

Les Français sont-ils en train de «travailler pour le roi de Prusse» ? Née à Paris, au XVIIIe siècle, quand la France conspirait contre la montée en puissance de Frédéric II, cette vielle expression n'a cessé, depuis, de traduire une lancinante angoisse française. Pour évoquer la France, Alexandre Adler a donc choisi de nous parler d'abord de l'Allemagne au moment où Berlin semble en passe d'établir une «hégémonie sans contrepartie» sur un continent déstabilisé par la crise et prêt à appliquer, «dans une hâte et un zèle suspects, des recettes concoctées outre-Rhin».

Pour l'auteur, ces deux voisins n'ont d'autre destin possible que dans une histoire commune. Toute autre politique entraînerait de graves désillusions, pour l'un comme pour l'autre. Il ne s'agit plus pour la France d'être «pour ou contre l'Allemagne», mais de trouver les termes d'un «essor mutuel». Et, diable, que cela semble compliqué. En déroulant le fil de cette histoire commune, Adler démasque les oublis, les malentendus, les erreurs politiques et plus encore l'invraisemblable méconnaissance réciproque de ces deux peuples. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les Français et leurs dirigeants se sont «refusé à comprendre la situation réelle de l'Allemagne, en tablant, sans trop l'avouer, sur son déclin durable». Puis, après la chute du mur, «la sourde hostilité de François Mitterrand à la réunification allemande» a affaibli la Fran