La porte s’ouvre sur un groupe de garçons en tee-shirts qui ont l’air de collégiens. En fait ces adolescents de 14 à 18 ans sont les détenus du quartier des mineurs de la centrale d’Antananarivo. Dans cette prison, au cœur de la capitale malgache, 120 jeunes sont incarcérés. Une dizaine sont condamnés pour des crimes graves, viols ou meurtres, les autres attendent d’être jugés pour des délits tels que la consommation de cannabis ou le vol à l’arraché. En entrant dans la cour de 17 mètres sur 15 entourée des dortoirs et des salles d’activités où ils vivent 24 heures sur 24, on est surpris par une impression de normalité : il y a ici nettement moins de bruit et de tension - apparemment - que dans la cour de récré d’un collège français. C’est peut-être dû au travail de l’association Grandir dignement qui, depuis trois ans, s’occupe des jeunes détenus.
Ses responsables sont deux Français, Hélène et David Muller. Tous deux sont éducateurs spécialisés et catholiques pratiquants. A leur arrivée en 2008, ils ont travaillé au Centre de rééducation pénitentiaire qui accueille des jeunes de 10 à 18 ans placés pour leur protection ou à cause d'un délit. Béatrice Christiny, responsable de France-Volontaires à Madagascar (1), a vu démarrer le jeune couple : «Ils ont lavé les murs, trouvé des couvertures, ils ont vraiment commencé à la base.» Quelques mois plus tard, ils créaient Grandir dignement pour «faire respecter les droits des enfants», améliorant les conditions de