Privation illégale de liberté, vols de bébés, esclavagisme, viols, tortures, assassinats… La lecture des 789 chefs d’accusations contre les 68 accusés a duré six jours et a conclu, en début de semaine dernière, la première phase du troisième «méga procès» de l’Esma, le plus important centre de torture opérant à Buenos Aires durant la dernière dictature militaire (1976-1983). Il s’agit du plus grand procès de l’histoire argentine qui devrait durer deux ans et permettre à plus de 800 témoins de faire entendre leurs voix.
«A l'exception de Nuremberg, je ne crois pas qu'il y ait jamais eu de procès d'une telle envergure pour des crimes contre l'humanité, a souligné le juge espagnol Baltasar Garzón, installé depuis peu à Buenos Aires et grand connaisseur du dossier argentin. C'est d'une importance extrême pour le pays bien sûr, mais aussi pour le monde entier.» Il s'agit également du premier procès qui jugera les «vols de la mort», dont huit pilotes figurent parmi les prévenus.
«Croix gammée». L'armée avait recours à cette technique consistant à jeter des prisonniers politiques vivants depuis des avions dans le Rio de la Plata : 3 000 personnes auraient ainsi péri. Les nones françaises Alice Domon et Léonie Duquet ainsi que la fondatrice des Mères de la place de Mai, Azucena Villaflor, ont notamment subi ce calvaire.
Le seul à avoir réchappé à l'un de ces vols de la mort est Adolfo Pérez Esquivel. Artiste et militant pacifiste, homme de fo