Les éléments qui poussent un individu à prendre une arme et à tirer dans une foule sont aussi multiples que difficiles à cerner. Loin d’être relié directement à des troubles pathologiques, le meurtre de masse est la conséquence d’une longue souffrance dont les contours diffèrent d’un tueur de masse à l’autre. Cet acte de haine, aussi rapide dans son exécution que dans sa préparation, reste le fruit d’une longue maturation dans laquelle la haine de soi et la haine des autres tiennent une place prépondérante. Pour Dylan Klebold ou Eric Harris (les auteurs de la tuerie de Columbine en 1999), pour Jean-Pierre Roux-Durraffourt (qui a perpétré la tuerie de Tours en 2001) ou pour Adam Lanza (le tueur de Newtown) la rage destructrice accumulée ne pouvait connaître un terme que dans un drame aux atours d’apothéose. Tuer, massacrer, fusiller, c’est mettre un terme à un sentiment d’exclusion et d’échec. C’est supprimer des individus qui ne sont que les miroirs d’aspirations inabouties. Pour brûler une image négative qui lui est, selon lui, sans cesse opposée, le tueur de masse en supprime les vecteurs : les autres, la société, les femmes, les riches, les puissants, les représentants du système éducatif, les enfants…
Tuer, massacrer, fusiller, c’est surtout prendre pour un temps le contrôle. C’est goûter à un sentiment de surpuissance. L’auteur d’une tuerie de masse est pour le temps de son massacre supérieur à ses congénères. Il est Dieu. Il est le seul à avoir le choix et c’est lui qui