Au printemps dernier, je me résignais à abolir mon droit de vote acquis par ma nationalité de naissance, en votant deux fois pour le Parti socialiste afin d’assurer la victoire de la gauche. Je n’en étais pas moins convaincue que rien ne serait dit ni fait pour enfin faire place aux Français d’ascendance migrante et coloniale et aux populations des deux rives auxquelles ils sont attachés. Une exception ? La déclaration du 17 octobre 2012 (1). Qui ne change en rien la règle.
Peopolisation. Mes doutes se confirment pourtant en découvrant l'aplomb des tour-opérateurs qui ont concocté la liste de la cour entourant le président français en visite en Algérie. En regardant le triste théâtre de la suite embarquée pour faire la claque, force est de constater que la bouffonnerie le dispute à l'indigence. Où sont les protagonistes réels des liens durables et des rapports en tension entre la France et l'Algérie ? Ces ouvriers retraités qui continuent d'aller et venir entre les deux rives ? Ceux qui continuent de leur succéder sur le chemin de l'exil ? Ces femmes venues dans l'ombre de leur mari et qui ont œuvré à avoir une vie et à façonner celle de leurs enfants ici ? Où sont ces diplômé(e)s, cadres, médecins, universitaires, acteurs associatifs et culturels engagés, militants lucides qui contribuent avec discrétion et persévérance à faire entendre des voix étouffées et tracer des sillons de savoir et d'innovation inédits ? Où sont ces figures emblématiques d'un dialogu