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Libération
Interview

«L’Europe : un mélange de convictions et d’intérêts»

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Luuk VAN MIDDELAAR Philosophe politique et actuellement haut fonctionnaire européen
publié le 20 décembre 2012 à 20h16

Luuk Van Middelaar a étudié la philosophie politique aux Pays-Bas puis en France, à l'EHESS, sous la direction de Marcel Gauchet. Un jour de 2002, ce Néerlandais est arrivé à Bruxelles simple philosophe et… il y est resté, fasciné par la politique européenne. En 2010, il est même devenu la plume du premier président du Conseil européen, Herman Van Rompuy. A 39 ans, il vient de signer un essai brillant, le Passage à l'Europe, histoire d'un commencement (Gallimard, Bibliothèque des idées) qui, le 5 décembre, s'est vu décerner, à Bruxelles, le prix du Livre européen dans la catégorie «essais» (1) lors d'une cérémonie présidée par Pascal Lamy, le patron de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), en présence de Martin Schultz, le président du Parlement européen et sous le regard presque attendri de Herman Van Rompuy.

Qu’est-ce qui vous a tant fasciné à Bruxelles ?

L’Europe, c’est un beau sujet de philosophie politique. Parce qu’elle est inachevée et parce que toutes les questions liées à sa fondation restent posées. Et ce qui se passe depuis deux ans est fascinant. Du jamais vu depuis 1945 ! Les peuples européens réalisent enfin à quel point ils sont dans le même bateau, à quel point ils peuvent être affectés par ce qui se passe dans le pays voisin. Regardez, pour la première fois les Européens se sont intéressés de près aux événements politiques d’autres pays d’Europe, non par simple curiosité mais parce que cela les concerne : certains votes du Bundestag, le référendum en Grèce, la situation en Italie… A ces occas