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Libération

La Pologne regarde ses propres démons

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publié le 20 décembre 2012 à 22h46

Révélé il y a douze ans, le massacre de Jedwabne, un petit village du nord-est de la Pologne dont les habitants ont brûlé vifs leurs voisins juifs dans la foulée de l’entrée des troupes nazies, refait surface sous la forme d’un film. Il ne s’agit pas d’une reconstitution historique, mais d’un thriller, une forme d’expression qui permet à Wladyslaw Pasikowski, l’un des maîtres polonais du genre, de se concentrer sur l’atmosphère lourde qui lie entre eux les anciens complices du crime.

Le film ne se passe pas à Jedwabne en 1941 au moment des faits, mais dans le village fictif de Gorowka peu après la chute du communisme. Deux frères, dont l'un revient des Etats-Unis et l'autre préserve les pierres tombales des juifs disparus, entrent en conflit avec le reste du village, qui cherche à cacher la vérité sur le massacre. Leur fin sera tragique. Le cinéaste reconnaît avoir été inspiré par la parution en 2000 des Voisins, le livre de l'historien juif new-yorkais d'origine polonaise Tomasz Gross.

En révélant la vérité sur Jedwabne, et ses centaines de morts, il avait provoqué un choc psychologique en Pologne. «Cette page noire de l'histoire n'a jamais été racontée sur grand écran alors que nous avons déjà fait énormément de films sur les horreurs commises par les Soviétiques et les Allemands. Il est temps de parler du mal que nous-même avons fait chez nous», a déclaré le cinéaste, lors d'un débat au journal Gazeta Wyborcza.

A peine fini, le film, une coproducti