Ils surgissent sur des motos, tirent, tuent et disparaissent. Leurs cibles, ce ne sont pas cette fois des officiers de police ou de l’armée, mais des personnes engagées dans la campagne de vaccination contre la poliomyélite. En une semaine, neuf d’entre elles ont été assassinées à Karachi ou dans les régions tribales pachtounes du nord-ouest du Pakistan, forçant les autorités à suspendre temporairement leurs activités.
Intrigue. C'est la première fois depuis l'émergence des talibans sur la scène pakistanaise que des attaques coordonnées visent une campagne antipoliomyélitique. Or, cette maladie virale, qui peut entraîner la paralysie, voire la mort, demeure endémique dans ces régions. Une preuve de la radicalisation constante des insurgés talibans, soutenus par la frange la plus extrémiste du clergé pakistanais, qui voit dans les vaccinations une intrigue de l'Occident.
Cette campagne ciblait notamment le million d’enfants n’ayant pas été vaccinés lors de la vaste opération menée au début de l’automne, qui avait permis d’immuniser 32 millions de personnes à travers le Pakistan. Or ce million manquant est concentré dans le nord-ouest du pays et à Karachi.
L'assassinat des neuf vaccinateurs, dont plusieurs adolescents bénévoles, a finalement provoqué une réaction des courants les moins rétrogrades du clergé, dont le Conseil des oulémas pakistanais - regroupant, selon ses affirmations, 24 000 mosquées -, qui a dénoncé ces tueries. «Aucune coutume, et pas davan