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Interview

Guy Verhofstadt: «Un saut fédéral pour vaincre la crise»

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Pour l’ancien Premier ministre belge et eurodéputé, les pays de l’UE n’ont plus d’autre choix que de renoncer à leur souveraineté nationale.
par Jean Quatremer, correspondant à Bruxelles
publié le 21 décembre 2012 à 20h37

Président du groupe libéral et démocrate (centriste) au Parlement européen, Guy Verhofstadt est auteur, avec Daniel Cohn-Bendit, de Debout l'Europe ! Manifeste pour une Europe postnationale. Ancien Premier ministre de Belgique (1999-2008), il plaide pour la multiculturalité sur le Vieux Continent, contre les nostalgies identitaires dangereuses, et milite pour un post-nationalisme européen vertueux.

Après soixante ans de construction communautaire, l’Europe ne semble toujours pas en avoir fini avec les nationalismes, comme le montrent les velléités indépendantistes en Catalogne, Flandre, Ecosse…

En période de crise économique, ce n’est pas seulement le nationalisme qui se renforce, mais aussi le racisme, la xénophobie, le protectionnisme. Car une partie des citoyens, celle qui est la plus exposée à la crise, a le sentiment que les causes sont à chercher à l’extérieur du pays : le responsable, c’est l’autre, l’étranger, et on peut s’en protéger en se réfugiant derrière des frontières nationales étanches. Car le mythe de l’Etat protecteur a la vie dure. Et, comme toujours, on trouve des politiciens qui surfent sur cette vague populiste et l’alimentent en la légitimant. D’autre part, il ne faut pas oublier que nous, Européens, sommes les inventeurs du nationalisme ! Nous l’avons même répandu, notamment par la voie de nos empires coloniaux, partout dans le monde. Rien d’étonnant, donc, qu’il soit toujours bien présent sur le Vieux Continent.

Le nationalisme est le sous-produit de l’Etat-nation. Celui-ci serait donc un mal en soi ?

Non, il a même représenté un progrès au XIXe siècle en permettant de rassembler sur un même territoire des peuples jusque-là séparés et antagonistes, ce qui a favorisé le développement économique. Mais cette unification