«Le problème des Frères musulmans n'est pas qu'ils ne croient pas à la démocratie, mais qu'ils pensent qu'une fois élus, ils sont légitimes et ont donc tous les droits» : ce jugement lapidaire n'émane pas d'un ennemi des islamistes, mais d'un ancien de la confrérie qui y garde de nombreuses attaches. La victoire des Frères au référendum sur la nouvelle Constitution, jugée liberticide par l'opposition laïque, ne fera que conforter les Frères musulmans dans leur mainmise sur l'Etat.
Le président, Mohamed Morsi, concentre déjà les pouvoirs. Pour ses partisans, cela se justifie par le contexte révolutionnaire : il s'agit de nettoyer les institutions des résidus de l'ancien régime, les fouloul, par essence réfractaires au nouveau pouvoir. Ainsi le limogeage du procureur général, Abdel Meguid Mahmoud, avec la déclaration constitutionnelle du 22 novembre. Considéré comme un vestige de l'ère Moubarak il a été remplacé par un juge beaucoup plus conciliant, Talaat Abdullah. Ce dernier a d'ailleurs accepté d'instruire la plainte contre Mohamed el-Baradei, Hamdine Sabahi et Amr Moussa, principaux opposants libéraux, accusés d'espionnage et de tentative de complot visant à renverser le régime en complicité avec Israël. Au prétexte d'éliminer l'ancien régime, le nouveau donne l'impression de l'imiter.
«Machine». Après un demi-siècle de marginalisation de la vie publique et politique, la nouvelle influence des islamistes s'est d'abord traduite symboliquemen