La récente libération de prisonniers de guerre par la faction la plus radicale de la rébellion casamançaise concrétise le nouvel espoir d’une issue pacifique dans un conflit qui est devenu aujourd’hui le plus long de l’Afrique subsaharienne : il y a en effet trente ans, ce 26 décembre, que la répression d’une marche pacifique pour l’indépendance en a donné le signal, à Ziguinchor, la capitale régionale. Nul enjeu stratégique majeur dans ce petit territoire en grande partie coupé du reste du Sénégal par le minuscule Etat gambien : aussi bien la faible intensité que la durée exceptionnelle du conflit résultent largement d’une stratégie gouvernementale qui, bien que jamais formulée, a été mise en œuvre depuis 1982 par les présidents Diouf et Wade.
Cette stratégie se décline en deux volets complémentaires :
- affaiblir la rébellion suffisamment pour ne pas avoir à négocier, en prenant prétexte d’une division à laquelle l’Etat œuvre par ailleurs ;
- l’affaiblir par tous les moyens, y compris militaires, mais sans chercher à l’écraser, ne serait-ce que pour ne pas nuire à une image démocratique dont le Sénégal a fait une véritable rente.
Tout en proclamant qu’il n’y avait d’autre issue que politique, les dirigeants qui se sont succédé au pouvoir à Dakar jusqu’au début 2012 n’ont ainsi eu de cesse que de dépolitiser la question, maniant, tour à tour ou simultanément, la carotte et le bâton, chacun à sa manière. Ils ont en partie atteint leur objectif. Jamais, sans doute, le rapport de