Début décembre, Monika R., une fonctionnaire de la région de Salzbourg, a avoué avoir spéculé avec l’argent des contribuables et ruiné son Land pour les décennies à venir. Au bas mot, le trou dans les comptes s’élève à 340 millions d’euros. Une dette abyssale, même pour une ville autrichienne opulente et sereine, très connue pour son festival de musique, qui est aussi, avec sa campagne environnante, un des neuf Etats fédérés d’Autriche.
Le responsable des finances, un certain David Brenner, a servi de fusible temporaire en démissionnant : en 2008, il avait octroyé les pleins pouvoirs à son employée pour réaliser des investissements risqués sur les marchés financiers. Par avocats interposés, Monika R. et ses supérieurs hiérarchiques se renvoient désormais la responsabilité du désastre. La fonctionnaire incriminée aurait dépassé le volume des placements autorisés et falsifié des signatures. Mais elle ne se voit pas bouc émissaire et parle de pratiques courantes.
Gabi Burgstaller, très populaire présidente sociale-démocrate du Land, se retrouve assise du jour au lendemain sur un siège éjectable. Elle jure ses grands dieux qu'elle n'a jamais eu vent des jeux d'argent de son administration. Le 12 décembre, retenant ses larmes, elle a solennellement présenté ses excuses aux 530 000 Salzbourgeois pour avoir placé «l'un des plus beaux pays du monde» dans une tourmente inédite. Ce qui n'a pas empêché le parti conservateur ÖVP, qui gère la région main dans la main avec elle, de