Travaillant depuis de nombreuses années sur les prisonniers de guerre «indigènes» de la Seconde Guerre mondiale internés en France et non en Allemagne, je m'intéresse forcément à Thiaroye, sortie de guerre problématique, comme l'a rappelé le président de la République, lors de son discours à Dakar du 12 octobre : «La part d'ombre de notre histoire, c'est aussi la répression sanglante qui en 1944 au camp de Thiaroye provoqua la mort de 35 soldats africains qui s'étaient pourtant battus pour la France. J'ai donc décidé de donner au Sénégal toutes les archives dont la France dispose sur ce drame afin qu'elles puissent être exposées au musée du mémorial.»
Ces soldats africains ont été faits prisonniers par les Allemands en juin 1940 avant de subir quatre longues années de captivité dans des frontstalags en France. A la Libération, ils ont été regroupés dans des centres avant le retour dans leur terre natale. 1 280 tirailleurs arrivent à Dakar le 21 novembre et sont transportés à la caserne de Thiaroye. Les autorités militaires veulent les renvoyer vers leurs territoires mais les anciens prisonniers de guerre refusent de quitter Thiaroye tant qu'ils n'auront pas perçu leur rappel de solde comme cela leur avait été promis avant l'embarquement à Morlaix. Considérant le détachement en état de rébellion, le général Dagnan, avec l'accord du général de Boisboissel, a alors décidé de faire une démonstration de force le 1er décembre 1944. Jusqu'à aujourd'hui,