Haitham Mokhtar Horria fait volontiers le tour du propriétaire à bord de sa voiture allemande intérieur cuir. Il désigne d'abord une villa rouge et blanche : «Ici, vivait Amar al-Taïf, l'ancien ministre du Tourisme.» Virage à droite, une demeure avec soupente en bois apparaît. Là encore, c'est un bien d'un proche de Kadhafi. «Là, les deux côtés de la rue appartiennent à ma famille», précise Haitham qui réclame la restitution de 1,1 hectare de terrain. L'emplacement, face aux bureaux du Premier ministre, est idéal. «Avec les superbes villas construites par les proches de Kadhafi, Haitham est potentiellement millionnaire», sourit Owes, un riverain.
En guise d'acte de propriété, le quadragénaire brandit un papier jauni datant de l'époque coloniale italienne. «En 1987, des hommes sont venus braquer mon père avec des fusils. Ils lui ont dit que dorénavant le terrain était à eux. Plusieurs amis de Kadhafi y ont construit leur villa», explique Haitham qui veut récupérer la terre de ses ancêtres avec les sept maisons construites dessus. «Nous avons obtenu la liberté avec la révolution, mais nous voulons pouvoir retourner chez nous», martèle-t-il nerveusement.
En 1978, le Guide autorise ceux qui n'ont pas de maison de s'approprier un bien ou un terrain à condition que le propriétaire ait plus d'un domicile. C'est la loi numéro 4, hantise des riches Libyens. Détail subtil : il ne s'agit pas d'une réquisition par l'Etat, mais du droit