Tout a commencé par une banale dispute entre des étudiants résidant sur le campus de l'université de Kaboul. Des internes chiites souhaitaient célébrer la fête de l'Achoura, commémoration de la mort de l'imam Hussein, fin novembre. Mais leurs camarades sunnites ont refusé, arguant que «l'université n'est pas un lieu de prière». La suite est dramatique. Les étudiants se sont affrontés à coups de pierres et de toutes sortes d'objets trouvés sur place. Malgré l'intervention des forces de police, un jeune a trouvé la mort, et une trentaine d'autres ont été blessés.
«Les gens étaient devenus fous», raconte Mohamed Rafi, étudiant en 3e année au département de français. «Les sunnites et les chiites se battaient. Moi, je suis chiite mais tadjik. Heureusement, sinon j'aurais été attaqué par les étudiants sunnites», relate quelques jours après les faits le jeune homme. Les autorités ont alors fermé les établissements supérieurs de la capitale pendant dix jours, et les examens ont été repoussés d'au moins deux mois. «C'est une catastrophe», s'énerve Taha Mahmoud. Cet étudiant en dernière année de droit devait déposer un dossier pour obtenir une bourse d'études en France.
Les affrontements sanglants de la fin novembre alertent cependant sur le climat qui règne au sein de l'université. Certains étudiants assurent avoir vu l'ambiance se dégrader, avec des tensions confessionnelles et ethniques croissantes. Un signe de ce qui se passe ailleurs ?