Un immeuble ravagé du quartier de Salaheddine à Alep. Au second étage, un appartement qui ne l’est pas moins. Un couloir ouvre sur une chambre. Radwan, un jeune sniper de l’Armée syrienne libre (ASL), n’entre pas dans la pièce. Il reste prudemment à distance, abrité derrière la porte qu’il entrebâille pour coincer son M 16 à lunette contre le chambranle. La jumelle permet à son regard de traverser la pièce, la fenêtre, de fouiller la rue et d’arriver jusqu’au bâtiment d’en face. Sur la façade, pendouille un drapeau syrien qui indique que l’édifice est aux mains des loyalistes. La lunette débusque alors un simple trou dans la pierre. C’est par cet interstice que vise le sniper ennemi, lui aussi probablement retranché dans une seconde pièce. Aucune chance de l’apercevoir et donc de l’atteindre.
A Salaheddine, un des quartiers de la grande ville d’Alep, les lignes de front sont à ce point entremêlées que l’artillerie et l’aviation loyalistes ne peuvent plus opérer et les chars ne tentent une percée que de temps à autre. La guerre est devenue une affaire de tireurs embusqués. Ils se cherchent, s’épient, se font la chasse. Avec avantage aux snipers loyalistes, admettent les rebelles, qui leur reconnaissent de meilleurs fusils de précision et davantage de munitions. A Salaheddine, habité naguère par la classe moyenne, il n’y a plus âme qui vive, hormis les combattants qui se partagent les rues. Et l’on dirait qu’un raz-de-marée a retourné les voitures dans les rues. Mais, à regarde