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Interview

Berlin, l’avant-garde de l’entre-deux-guerres

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Points de vue et cartes du monde avec les Editions Autrement
publié le 4 janvier 2013 à 19h06

Spécialiste réputé de l'histoire culturelle allemande au XXe siècle, Lionel Richard est l'auteur de nombreux ouvrages sur l'expressionnisme allemand, le Bauhaus, les relations entre culture et nazisme. Il retrace dans son dernier ouvrage le destin brisé d'une capitale de l'avant-garde : Berlin pendant la République de Weimar.

Dans les années 1920, Berlin devient capitale culturelle de l’Europe…

Paris a formé un pôle intellectuel à partir, au moins, de la Révolution française. Autour de 1860, Londres s’impose par une autre révolution, industrielle celle-là. L’ascension de Berlin ne commence qu’à la fin du XIXe siècle, avec les ambitions économiques de Guillaume II. Puis, par l’annexion de sa banlieue en 1920, la ville devient une métropole. En nombre d’habitants, elle est deuxième en Europe, après Londres. Paris est resté ouvert aux arts d’avant-garde jusqu’à 1914, mais l’après-guerre marque un ralentissement, avec l’avènement d’un néotraditionalisme.

A Berlin, le mouvement est inverse. Les avant-gardes, qui connaissaient des difficultés dans l’Allemagne impériale, se développent parallèlement à la crise, en collant à l’esprit du temps, à l’atmosphère révolutionnaire. Il y règne à la fois la misère et d’extraordinaires activités culturelles, comme l’émergence d’un dadaïsme berlinois dès la fin de la guerre. Mais la crise de 1929 aux Etats-Unis a des répercussions dramatiques à Berlin, l’Allemagne vivant sur des crédits américains.

Quel est le rapport de Berlin à l’Amérique ?

Une relation ambiguë. D’une part, de dépendance économique, à travers les plans Dawes p