Directeur du programme «Afrique centrale» au sein de l’ONG International Crisis Group (ICG), Thierry Vircoulon analyse la gestion de la crise en Centrafrique par Paris et les Etats de la région.
Que pensez-vous de l’attitude du président François Hollande, qui a affirmé son refus d’intervenir directement en Centrafrique ?
Elle illustre bien le désengagement politico-militaire actuel de Paris en Afrique. François Hollande a été très clair sur la mission des militaires français déployés à Bangui : la protection des ressortissants étrangers et non pas le soutien au régime en place. Dans la gestion de cette crise, Paris a laissé la main aux Etats de la région, présents à travers la Mission de consolidation de la paix en Centrafrique (Micopax).
Celle-ci n’a-t-elle pas besoin du soutien de la France pour fonctionner ?
Certes, et c'est d'ailleurs la raison d'être de la mission Boali [250 militaires français sont déployés en temps normal en Centrafrique, ndlr]. La France demeure donc dans la boucle. Mais il faut se souvenir que, en 1997, lors d'une précédente crise en Centrafrique, Paris disposait de 2 000 hommes dans ce pays. Le pouvoir du président Bozizé fonctionne sur de vieux schémas : il a tenté très maladroitement de faire pression sur la France pour qu'elle intervienne en sa faveur. C'était possible il y a encore cinq ans. Mais on a changé d'époque, et Paris est clairement dans une autre logique : celle du soutien à la montée en puissance du dispositif militaire conçu par l'Union africaine, l'Architecture africaine de paix et de sécurité (AAPS).
Les pays de la région n’ont-ils pas tardé à se mobiliser ?
Non, dès le 21 décembre, ils ont établi une feuille de route lors d’une réunion à N’Djamena, au Tchad : négociations à Libre