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Libération
EDITORIAL

Meurtrier

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Le monde arabe en ébullitiondossier
publié le 6 janvier 2013 à 22h43

L’homme qui s’est exprimé hier sur la scène de la Maison de la culture de Damas n’avait ni la faconde belliqueuse d’un Saddam attendant la mort, ni le lyrisme délirant d’un Kadhafi en fuite, ni le souffle court d’un Moubarak dépassé par l’histoire. Aux prises depuis vingt et un mois avec une insurrection qui gagne pourtant chaque jour du terrain, Bachar al-Assad s’est affiché en autocrate inébranlable, avec une aisance sidérante.

Pas une once d’ouverture politique, mais une harangue aussi irréelle que totalitaire. Il confirmait, par sa folle détermination, ce que chacun pressentait : le martyre du peuple syrien devrait encore durer de longs mois. Si Al-Assad, même assailli, peut ainsi encore parader, il le doit avant tout à deux de ses puissants alliés. On ne dira jamais assez combien le jeu de la Chine et de la Russie a provoqué le pourrissement d’un conflit qui a fait déjà plus de 60 000 morts.

En soutenant à bout de bras le dictateur sanguinaire, Moscou et Pékin ont non seulement donné libre cours au redoutable appareil répressif syrien, mais ils ont aussi, indirectement, offert un terrain de combat à des milliers de jihadistes poussés et financés par les réseaux salafistes du Qatar et de l’Arabie Saoudite. Cette politique cynique et aveugle, appliquée à un pays traversé par toutes les lignes de fracture du Moyen-Orient, ne dessine que des issues plus tragiques les unes que les autres. Un siège meurtrier de Damas, une guerre civile sur le point de se transformer en une guer