Menu
Libération
portrait

Michel-Ange Dagrain : Haïti, aller haut

Article réservé aux abonnés
Cette brillante étudiante en informatique de 23 ans croit en l’avenir d’une île qui tente de se relever après le séisme.
publié le 7 janvier 2013 à 19h07

A 23 ans, Michel-Ange Dagrain a de grands projets pour son pays : «Informatiser toutes les institutions publiques» et prouver aux Haïtiens que «les femmes aussi peuvent être fortes en technologie». Avec cinq copines de son école, portables sous le bras, elles entament ce mois-ci un tour des lycées de Port-au-Prince. Objectif : montrer tout ce qu'on peut faire avec un ordinateur.

Fine et gracieuse, un beau sourire lumineux, Michel-Ange Dagrain semble un ovni dans ce pays meurtri par les catastrophes - séismes, cyclones, coups d’Etat… - où les trois quarts des habitants vivent sous le seuil de pauvreté et que beaucoup rêvent de fuir. Grandie dans une famille pauvre, elle n’a pas été épargnée. Mais c’est une battante. Et dans ce décor improbable, de bâtiments reconstruits au milieu de bidonvilles et de ruines, elle imagine des lendemains qui chantent.

Etudiante brillante, jeune femme moderne et ambitieuse, Michel-Ange Dagrain est aussi une rêveuse, une passionnée de théâtre et de littérature que l'art console de ses malheurs. Lorsque vous l'interrogez sur le nom étrange de son adresse électronique, «Angie Brooke», elle laisse tomber : «C'est mon nom d'artiste.» Celui qu'elle utilisait lorsqu'elle jouait dans une troupe amateur.

En troisième année à l'Ecole supérieure d'infotronique, Michel-Ange Dagrain a déjà une vie de combats derrière elle. Elle a 6 ans lorsque son père part. «On ne l'a jamais revu. Il vivrait tranquille au Canada avec une femme et