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grand angle

Haïti, la tectonique des facs

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Trois ans après le séisme, le système universitaire tente de se reconstruire alors que le pays manque cruellement de cadres bien formés.
Il y aurait 60 000 étudiants en Haïti, où l’on compte 200 universités publiques ou privées, beaucoup abusant de ce titre. Ici, l’université privée de Quisqueya à Port-au-Prince, la plus cotée du pays. (Photo Corentin Fohlen)
publié le 9 janvier 2013 à 19h56

Stanley, étudiant en troisième année de comptabilité, et Yguens, en quatrième année, se sont mis sur leur trente et un. En costume et chemise blanche éclatante, ils observent, à l'ombre, les délégations qui arrivent. C'est un jour important pour la petite université des Gonaïves, à 150 kilomètres de Port-au-Prince : on inaugure une bibliothèque et une salle internet. «Jusqu'ici, il fallait aller dans un cybercafé pour faire des recherches, et payer à l'heure, ce qui est bien trop cher», se félicitent-ils.

Sous la tente dressée dans la cour, le recteur, Auguste Roldano, un prêtre épiscopalien en col blanc dur, accueille ses hôtes : «Une délégation venue embellir l'espace universitaire.» Charles de Lamberterie, prof de langues anciennes à Paris-IV-Sorbonne, explique comment il a eu l'idée de faire un don pour cette bibliothèque qui portera son nom : «Début 2010, j'ai été reçu à l'Académie des Inscriptions et des Belles Lettres. La tradition veut que vos amis se cotisent pour acheter une épée. Or, nous étions juste après le séisme. Je leur ai demandé de l'argent pour Haïti.» La cérémonie terminée, les étudiants se pressent pour découvrir la bibliothèque, une pièce tapissée de rayonnages en bois comptant 2 000 livres au total. Des dictionnaires de français et de langues côtoient des manuels de droit, d'économie et de chimie, de la sociologie avec le Sens pratique, de Bourdieu, ou de l'écologie militante avec Tout voiture, no future, de