C’est un drôle d’Ulysse moderne et sans papiers, qui voyage à travers les flots sur une barquette marseillaise. Manolo, le comédien qui l’incarne, est parti sous la caméra de Malek Bensmaïl à la recherche de Méditerranéens d’aujourd’hui. Ses découvertes forment la trame de l’exposition-fiction «Méditerranées» consacrée à l’histoire de douze de ses grandes cités et inaugurée demain au J1 à Marseille. Prêté par le Port, le rez-de-chaussée de ce hangar de la Joliette accueille encore des passagers en transit. A l’étage, la scénographie faite de conteneurs noirs fabriqués en Chine conduit le visiteur jusqu’à une magnifique ouverture sur la mare nostrum.
On se dit là, face à la mer, que c’est une tarte à la crème, à Marseille, de s’interroger sur le devenir de la Méditerranée et celui de ses peuples, tout en refusant de les accueillir avec quelque égard. La ville abrite nombre de ses voisins du Sud, mais n’en tire guère de fierté et cherche plutôt, depuis des décennies, à virer ces «Arabes» du centre, malgré leur dynamique économie de bazar. Le dénommé Ulysse, lui, met les voiles avec, pour tout bagage, sa belle gueule d’aventurier forcé. Histoire de voir ailleurs si ça se passe mieux. Pas de surprise : ça craint du boudin. Le gaillard reviendra au bercail au terme de son «vrai faux» voyage. On n’y est pas si mal, finalement.
Commissaire de l'exposition, Yolande Bacot voulait que ses pérégrinations dans un «périple civilisationnel très inspiré de Fernand Braudel», de Troie