«Le suicide d'Israël» : ce titre accrocheur - sans même un point d'interrogation - à la une de l'excellent mensuel Books n'est ni une provoc ni le fruit d'un esprit déréglé. A deux semaines des élections législatives en Israël, le mensuel d'Olivier Postel-Vinay a eu la bonne idée d'attirer notre attention sur un débat intellectuel aussi angoissé que passionnant sur l'avenir même de l'Etat juif.
Un gros dossier bâti autour des trois ouvrages qui structurent et alimentent des échanges parfois violents entre chercheurs et politistes israéliens et américains. Il faut entendre le mot «suicide» dans son sens métaphorique, attesté par le Littré, prévient le directeur du mensuel : «Se dit d'une action, d'une démarche, qui ruine les affaires de celui-là même qui la fait.» Le premier coup est donné par David Schulman, qui commente pour la New York Rewiew of Books , l'ouvrage sulfureux de Peter Beinart, la Crise du sionisme. La thèse est puissante : la confiscation continue des terres palestiniennes va créer, de fait, un seul Etat, de la Méditerranée au Jourdain, et ainsi empêcher Israël de demeurer un Etat juif. «A l'ouest de la Ligne verte, [la frontière d'avant la guerre de 1967], Israël est une démocratie imparfaite mais authentique, écrit Beinart. A l'Est, c'est une ethnocratie», «un lieu où les Juifs bénéficient de la citoyenneté, pas les Palestiniens», «un mini-Etat dirigé par des colons».Comme une énorme par