Des dizaines de milliers de Kurdes ont défilé samedi à Paris après l’assassinat, jeudi dans la capitale française, de trois militantes kurdes, dont Sakine Cansiz, une des fondatrices du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) qui mène la lutte armée contre Ankara depuis 1984. Membre du comité exécutif du KCK, accusé par la Turquie d’être la vitrine politique du PKK, Zubeyir Aydar explique les enjeux des discussions entre des représentants du Premier ministre islamo-conservateur turc, Recep Tayyip Erdogan, et le chef historique du PKK, Abdullah Ocalan, condamné à la prison à vie.
Quelles sont les raisons de ce triple meurtre ?
Ce massacre vise clairement à déstabiliser les discussions en cours. Nous devons garder notre sang-froid pour que les contacts se poursuivent et faire en sorte que les auteurs de ce crime atroce n’atteignent pas leur objectif. Mais nous devons aussi faire une autocritique. Si nous étions conscients du risque de provocations, nous n’avions pas imaginé que des femmes de notre mouvement puissent être directement visées.
Avez-vous des hypothèses ?
Je ne crois pas qu'un tel crime serve le gouvernement turc. Mais il y a en Turquie des forces obscures au sein même de l'Etat qui veulent saboter le processus de paix et ont des ramifications internationales. Nous savons que des équipes de tueurs avaient été envoyées en Occident après la rupture des discussions d'Oslo [en août 2011, ndlr] pour éliminer des cadres du mouvement, et ces équipes dormantes ont pu agir selon des ordres anciens.
Ne peut-il s’agir d’un conflit au sein du PKK, comme en ont connu tous les mouvements de libération quand s’amorce un processus de paix ?
Depuis plus de vingt ans, notre président