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Libération
TRIBUNE

La France au Mali, les ambiguïtés d’une intervention

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La France en guerre au Malidossier
par Jean-Yves Moisseron
publié le 14 janvier 2013 à 19h06

Dans les derniers mois, face à la scission de fait du Mali, la position de la France avait été très prudente. Elle s’était entourée du soutien militaire des pays sahéliens et inscrivait son action dans un cadre juridique international, celui de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et de l’ONU. Cette dernière a délimité le cadre des interventions dans la résolution 2 071 adoptée le 12 octobre 2012. Mais les événements se sont précipités vendredi 11 janvier 2013. Il s’agissait de répondre à la prise de contrôle de la ville de Konna par des forces armées du Nord-Mali et au risque réel qu’ils continuent leur progression vers le sud. Ceci a eu pour conséquence de mettre la France en première ligne des opérations et de céder à la demande d’intervention du gouvernement malien.

Dans ce que nous pouvons appeler la «communication de guerre», cette intervention est justifiée par la lutte contre le terrorisme, par la restauration de l’intégrité territoriale du Mali, par le retour de la démocratie et enfin par des raisons humanitaires. Mais ces justifications multiplient les ambiguïtés. La communication politique qui accompagne tout engagement armé d’une nation est par essence simplificatrice et porteuse d’un message unificateur et mobilisateur à vocation interne. Il s’agit d’abord de désigner un ennemi. Il s’agirait ici en l’occurrence de forces armées désignées sous les termes d’islamistes, de terroristes, voire de jihadistes. Cette réduction des composant