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Pakistan : le trouble jeu d’un religieux modéré

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Élections . Tahir ul-Qadri organise un sit-in pour exiger un scrutin transparent, au risque de le retarder.
publié le 14 janvier 2013 à 21h36

Il y a encore un mois, Tahir ul-Qadri vivait à Toronto, au Canada. En un rien de temps, il est devenu le nouveau phénomène politico-religieux du Pakistan, pays toujours avide de nouveautés politiques, et de plus en plus tendu à quelques mois d'élections cruciales. Hier, des milliers de partisans de cereligieux modéré - au moins 100 000 étaient attendus dans la soirée par les organisateurs - ont entamé un sit-in au cœur d'Islamabad. La mobilisation était partie la veille de Lahore, où le leader est basé, en direction de la capitale, 400 km plus loin, pour réclamer des réformes urgentes garantissant un scrutin transparent et démocratique lors des élections parlementaires et présidentielle attendues au plus tard en mai. Avec cette «révolution pacifique», Qadri affirme vouloir mettre fin à la corruption du gouvernement et des partis traditionnels, qu'il accuse de confisquer les richesses du pays.

Qadri, 61 ans, à la tête d’une organisation de charité, le Minhaj ul-Quran, avait été élu député en 2002 sous le régime militaire de Pervez Musharraf, avant de démissionner en 2004 et d’immigrer au Canada. Prônant un islam tolérant, il est vu d’un bon œil par les Occidentaux pour avoir décrété une fatwa condamnant les attentats-suicides, qui ont fait des milliers de morts au Pakistan.

Beaucoup s'interrogent toutefois sur ses motivations réelles : sauver la fragile démocratie ou perturber le processus électoral, peut-être pour le compte de la puissante armée ? Pour Ayesha Siddiqa,