Menu
Libération

En Tunisie, les salafistes enflamment le soufisme

Article réservé aux abonnés
Violences . Avec celui de Sidi Bou Saïd, samedi, 14 mausolées ont été attaqués en quelques mois.
publié le 15 janvier 2013 à 20h56

Les Tunisiens continuaient de défiler nombreux hier devant le mausolée de Sidi Bou Saïd, ravagé par les flammes samedi soir. «Comment ne pas être blessé ? C'est notre patrimoine», déplore un étudiant en architecture. «C'est le lieu de la sérénité», ajoute Tarek, un artiste peintre, qui se déclare «profondément touché». Située sur les hauteurs du village huppé du même nom, haut lieu du tourisme, la zaouia vieille de sept siècles, bâtie en l'honneur du saint musulman dont il porte le nom, offre une vue splendide sur le golfe de Tunis.

L’incendie a eu lieu samedi, aux environs de 19 heures, alors que les fidèles venaient de quitter la mosquée attenante et que les familles gardiennes des lieux s’étaient absentées. Le mausolée a brûlé très rapidement, ce qui laisse penser à une attaque préméditée, au cocktail Molotov. Le même week-end, une autre zaouia a été mise à feu, dans la ville voisine de La Marsa. En quelques mois, ce sont au total 14 mausolées qui ont été pris pour cibles, selon le décompte de l’association Touensa. Celui de Sidi Bou Saïd a suscité une émotion et une colère particulièrement vives.

«Summum». Cette zaouia «est très connue, très aimée en Tunisie. C'est un lieu de méditation, les gens viennent s'y recueillir, y lire le Coran. Chaque année, les "kharja" [processions, ndlr] rassemblent des milliers de personnes», explique Echmi Ben Azzouz, l'un des gardiens. «C'est le summum de la symbolique de notre identi