Oui, bien sûr, dès lors qu’on intervient dans un pays, on devient comptable de son destin et la France sera donc confrontée à de grandes difficultés au Mali.
En admettant même qu’elle puisse y contribuer à une complète défaite des jihadistes sans que ses otages du Sahel ne soient tous assassinés, que ses forces n’enregistrent trop de pertes et que ses frappes ne fassent aussi des victimes dans la population civile, elle vient de s’obliger à rebâtir l’économie de cet Etat failli et à y favoriser l’enracinement de la démocratie sans, pour autant, se substituer aux Maliens. Cela fait beaucoup, assez en tout cas pour que des voix françaises dénoncent déjà là une aventure mais ce n’est pas tout.
Autrement inextricable, il y a aussi la question touareg car, si le nord du Mali était devenu un bastion jihadiste, c’est que sa population touareg était en rupture avec un Etat central qui se méfie d’elle, la négligeait et dont elle voudrait se séparer pour former un foyer national regroupant tous les Touaregs de la région. Le fédéralisme pourrait être une solution mais, outre qu’il faudrait que le Mali s’y résolve, les Etats voisins y sont hostiles parce qu’ils ne voudraient pas avoir à faire les mêmes concessions à leurs propres Touaregs et que leur intégrité territoriale en soit menacée.
C’est toute la question des frontières coloniales, celles que la France avait dessinées, qui pourrait bien se reposer quand se posera celle de la reconstruction du Mali. La France vient, oui, de s’aventu