C'est un héritage bien embarrassant que Walter Gabriel, décédé à 91 ans l'été dernier, a laissé à son fils Sigmar : des caisses de propagande néonazie, une bibliothèque aux titres douteux (le Mythe d'Auschwitz…), tous soulignés et soigneusement commentés dans la marge… «Une fois retraité, il était devenu nazi à temps plein», soupire le rejeton… A priori, rien de surprenant : le NSDAP, le parti fondé par Hitler, a compté jusqu'à 7,5 millions de membres en 1945… Sauf que Sigmar Gabriel est le président du Parti social-démocrate allemand (SPD). Sa décision de rompre le silence sur l'histoire familiale est inhabituelle et courageuse. Surtout à dix mois des élections, alors qu'il a failli affronter Angela Merkel. Il s'est confié au magazine Die Zeit de cette semaine. Voici quelques années encore, la démarche était impensable. Aujourd'hui, elle pourrait apporter au patron du SPD de nouvelles sympathies.
Triste enfance que celle du petit Sigmar. Son père est violent et colérique. Lors du divorce de ses parents, l'enfant, qui n'a que 3 ans, est confié à son père. Et lorsque sa mère obtient le droit de garde, à l'issue d'une longue bataille juridique, Walter Gabriel kidnappe son fils. Les coups pleuvent pour une mauvaise note, ou lorsqu'il refuse d'appeler sa belle-mère «maman». Tenté par la délinquance à l'adolescence, il ne doit son salut qu'à sa mère, et à la politique. «A l'âge où les autres faisaient la fête, lui faisait de la politique», disai