Sur le boulevard, l’homme avance torse nu, au milieu de la cohue, des hordes de motos et des bus collectifs vert bouteille qui soulèvent des nuages de poussière ocre. Particularité de ce piéton solitaire, il a le torse et le visage peints de trois bandes de couleurs : bleu, blanc, rouge. Un hommage à la France dont l’intervention est acclamée par tous à Bamako.
Dans la capitale malienne, la guerre semble pourtant invisible. Aucun signe de tension apparente ; la présence militaire est même réduite au minimum. Mais les batailles qui se déroulent à quelques centaines de kilomètres plus au nord sont dans tous les esprits. On répète, avec une pointe de fascination, la rumeur - démentie à Paris - selon laquelle les Français «se battent au corps à corps» à Konna, une localité au centre du pays qui n'aurait toujours pas été reprise aux jihadistes.
On s'effraye, aussi, d'apprendre que de petits groupes d'islamistes auraient été repérés à 150 km de la capitale. «Les Français progressent vers le Nord et, pour la première fois depuis neuf mois, voilà les jihadistes au centre du pays ?» s'étonne un habitant qui préfère rester anonyme. Au QG de communication de l'armée malienne, des militaires affalés sur des chaises d'école regardent une sitcom à la télé. Pour avoir l'autorisation de sortir de Bamako, il faut remplir plusieurs fiches déchargeant l'armée de toute responsabilité. «N'oubliez pas de mentionner votre groupe sanguin», se contente d'indiquer un jeune of