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Libération

Cachez ce sang

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publié le 18 janvier 2013 à 19h06

Un gag s’est camouflé dans cette image. A la loupe, il est flagrant qu’un jeune homme, deuxième debout à droite, fume une cigarette sous une inscription qui exige le contraire. Donc une sorte de secret défense (de fumer). Mais ce qui est autrement fumant dans cette photo, c’est son actualité. Ces hommes en uniforme sont des soldats français, fixés le lundi 14 janvier «quelque part» à Bamako, capitale du Mali.

C’est une image de guerre sous haute surveillance de ceux qui la mènent. A l’occasion de l’intervention militaire au Mali se lève la question désormais sempiternelle d’une guerre sans images qui ne soient pas «encadrées» par les autorités militaires. Toute sortie de cet encadrement sera-t-il pris comme un manquement au patriotisme ? Une volonté de nuire à la cause justifiant l’intervention française ? De quoi a-t-on peur dans les états-majors ? De la mort, du cadavre, surtout s’il porte un uniforme de l’armée française. Pourtant, le saviez-vous, il arrive qu’à la guerre des hommes meurent ou soient blessés, militaires et civils. «Cachez ce sang que je ne saurais voir» est le slogan jésuite du moment. Cette aporie tragicomique sera enfoncée le jour à peine futur où des machines feront la guerre à la place des hommes. La photo d’un robot mort, ses microprocesseurs à l’air, ne devrait pas susciter grand empathie, sinon chez d’autres robots en larmes parce qu’on leur aura greffé l’appli «émotion».

Du point de vue de la guerre trop cool, cette photographie autorisée est trop j